Un article de Alice Albright paru sur le site du Partenariat Mondial pour l’Education >>> ICI
Pourquoi les secteurs de la santé et de l’éducation doivent collaborer? Question de bon sens, tout parent ou éducateur considère que santé et développement éducatif des enfants sont inextricablement liés. Les enfants doivent être en bonne santé physique et affective pour apprendre. Pourtant, dans les pays en développement, les enfants en âge d’être scolarisés peuvent être atteints par de nombreuses maladies infectieuses et non contagieuses. Les maladies fréquentes sont une cause d’absentéisme scolaire, et elles réduisent la capacité de l’enfant à se concentrer et à participer en classe, affaiblissant ainsi son niveau global d’apprentissage. Si nous devons tenir notre engagement collectif à fournir une offre éducative de bonne qualité pour tous les enfants, alors améliorer leur santé par des interventions simples, sûres et économiques doit faire partie intégrante de la mission de toute école.
La santé et l’éducation sont étroitement liées
Trop longtemps, les ministères de la santé et de l’éducation ont travaillé de façon parallèle et isolée. Les incitations à la coopération sont peu nombreuses, et il y a encore moins d’exemples de collaboration réussie. Ayant travaillé dans les deux secteurs, tout d’abord à GAVI et à présent au Partenariat mondial pour l’éducation– il m’apparaît évident que malgré des objectifs spécifiques distincts, les deux secteurs sont interconnectés. Les recherches montrent clairement que des parents éduqués, en particulier les mères, sont mieux informés et font de meilleurs choix quant à la santé de leurs enfants.
Les écoles sont de puissantes institutions sociales qui peuvent agir pour l’amélioration de la santé et du bien-être de chaque enfant et, grâce à des programmes sanitaires en milieu scolaire, favoriser l’apprentissage et les opportunités de vie de chaque génération. De tels programmes peuvent se montrer efficaces pour toucher les communautés défavorisées qui, sans eux, n’auraient pas accès aux services de dépistage sanitaire de base que peuvent offrir les écoles.
Les programmes sanitaires en milieu scolaire sont de bons investissements
Les investissements dans les programmes sanitaires en milieu scolaires représentent également un bon placement financier. En effet, le dépistage précoce de problèmes d’audition ou de vue et des campagnes annuelles de traitement vermifuge peuvent s’avérer, en amont, un moyen économique de détection et de traitement des problèmes de santé des enfants, et réduire ainsi, voire éliminer, les risques et les coûts associés à des difficultés sanitaires plus complexes et des maladies ultérieures. Une planification et une action précoces par les représentants des ministères de la santé et de l’éducation constituent un bon investissement de ressources généralement modestes.
L’investissement dans les programmes sanitaires de base, tels que ceux concernant le dépistage des problèmes de vue ou d’audition, la lutte contre le paludisme, le traitement vermifuge ou l’apport de compléments de micronutriments améliorent le développement physique et cognitif des enfants, et leur réussite éducative.
Pour les parents, les programmes sanitaires à l’école offrent des visites médicales de base et des soins qu’ils ne pourraient pas forcément payer ou auxquels ils n’auraient pas accès autrement.
Le traitement vermifuge n’est qu’un exemple
Le traitement vermifuge est un bon exemple de cette collaboration transsectorielle. Plus de 600 millions d’enfants dans le monde sont exposés à des risques d’infection parasitaire, et près de 400 millions d’entre eux ne reçoivent aucun traitement. Chaque année, 43 pays d’Afrique et huit pays d’Asie du Sud-est constituent la vaste majorité de ces enfants, avec la plus forte concentration d’enfants en âge d’être scolarisés ayant besoin de chimiothérapie préventive (OMS).
Les infections parasitaires peuvent provoquer de multiples problèmes chez l’enfant. Elles sont la cause d’une réduction de l’assimilation des éléments nutritifs, pouvant mener à la malnutrition et l’anémie, et peuvent affecter le développement à la fois physique et cognitif. Ensemble, ces manifestations peuvent représenter une grave menace pour la santé et le bien-être de l’enfant.
La bonne nouvelle, une solution sûre, simple, à l’efficacité prouvée, pour traiter les infections parasitaires : les programmes scolaires d’administration de médicaments, dont le coût revient à moins de 50 cents par dose et par enfant. Une évaluation du Programme scolaire de traitement vermifuge du Kenya a montré que l’initiative avait réduit les infections parasitaires graves de moitié et contribué à une baisse de l’absentéisme scolaire de 25 %. Les traitements vermifuges scolaires de masse s’avèrent être un excellent investissement en matière d’éducation et de santé (Jameel Poverty Action Lab, MIT).
Au cours de ces dernières années, de grandes sociétés pharmaceutiques, dont Glaxo Smith Klein et Johnson and Johnson, se sont généreusement engagées à soutenir les efforts mondiaux de traitement antiparasitaire, faisant don de centaines de millions de doses de vermifuge pour les enfants en âge scolaire.
Pour être efficace, les programmes scolaires nationaux de traitement vermifuge nécessitent la collaboration des ministères de l’éducation et de la santé, afin de fournir les données relatives aux enfants scolarisés à risque, de faire une demande des doses en amont, et de les distribuer et les administrer au moyen de programmes scolaires avec rapidité et efficacité.
C’est ce que vient de faire l’Inde, qui a annoncé sa première campagne nationale de traitement vermifuge le 9 février 2015. D’autres pays devraient suivre les traces de l’Inde et du Kenya.
Le Partenariat mondial pour l’éducation soutient les programmes sanitaires en milieu scolaire
Concentrés sur le renforcement des systèmes éducatifs avec nos 60 pays en développement partenaires, nous étudions également les mesures pratiques qui permettent de stimuler la santé des enfants dans le but d’améliorer leurs capacités d’apprentissage.
Les programmes scolaires de traitement vermifuge offrent des solutions de ce type, et donc, au moyen de notre portefeuille d’Activités mondiales et régionales nous soutenons actuellement 15 pays (5 en Asie et 10 en Afrique) pour mettre en place des systèmes de programmes sanitaires en milieu scolaire dans le cadre des politiques et plans sectoriels de l’éducation, et catalyser ainsi les efforts collectifs au sein des ministères de l’éducation et de la santé. Dans une sélection de pays, nous soutenons les programmes scolaires de traitement vermifuge et de dépistage des problèmes de vue.
Chaque enfant mérite de s’épanouir et de bénéficier d’une éducation de qualité. Grâce au soutien que nous apportons aux ministères de l’éducation et de la santé afin que ceux-ci collaborent à des programmes sanitaires en milieu scolaire, nous pouvons favoriser chez les enfants les fondements essentiels que sont la bonne santé et l’aptitude à l’apprentissage.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Alice Albright est la directrice générale du GPE. Elle a, à son actif, vingt-sept années d’expérience internationale dans le secteur privé, le secteur à but non lucratif et le secteur public. Elle occupait auparavant les fonctions de vice-présidente exécutive et de directrice de l‘exploitation de l’agence américaine de crédit aux exportations, Export-Import Bank (Ex-Im Bank). Elle a également été directrice financière et responsable des investissements à l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI).